ASPHALTE!
si le tour de France n'était qu'un rituel de possession?
une représentation cycliste mélangeant la danse et la chasse. une sorte de transe dont le but est, chaque année, de créer un nouveau désordre.
le rituel associe spectateurs, commentateurs et coureurs pour effectuer la plus grande boucle possible autour du pays. une architecture de bitume sert à compléter ce dispositif : un monument d'asphalte. Le Panthéon du Tour est le point de départ de l'évènement.
chaque participant à un rôle précis:
avant le départ, sur la façade bitumineuse du panthéon, les spectateurs anonymes peignent leurs prières, les noms des champions qu'ils encouragent.
le rôle de chaque coureur est concrétisé par son maillot. il existe des maillots plus remarquables donc plus précieux que les autres: jaune, vert, à pois, blanc, arc-en-ciel, bleu-blanc-rouge, vert-blanc-rouge, etc... chaque jour les rôles peuvent changer. Pour cela, il faut rompre un interdit, oser défier la meute. à travers le paysage, c'est le reflet de la société qui défile.
pendant ce temps, à l'intérieur du panthéon, les commentateurs inscrivent sur ses parois, la légende du Tour. ils initient les ignorants au rituel. ils en sont les passeurs, ils rendent lisible la valse des maillots.
au retour des coureurs, l'émotion, les espoirs déçus, et l'amertume sont considérables.
les participants ont été envoutés par la danse des maillots, par l'esthétique de la course.
ils ont oublié que ce rituel n'est qu'une représentation.
ils ont oublié que le vainqueur n'est que l'instrument d'un phénomène qui le dépasse.
ils ont oublié l'éthique du désordre dansant devant eux.
On se réunit alors dans l'enceinte du monument d'asphalte.
il n'y a plus de rôle, plus de distinction entre les participants au rituel.
guidé par le chaman, on rejoue la course, on exprime l’indicible, pour se libérer de la force séductrice du rituel.
une nouvelle couche d'asphalte recouvre à nouveau le panthéon et efface les prières.
la route sommeille jusqu'à l'année suivante...